Comme j’avais déjà payé 12€, pour la visite de Feministiche Avantgarde der 1970er Jahre, je me suis dit que je pouvais aussi bien visiter tout le bâtiment plutôt que de repartir ! Direction l’étage supérieur où, je suis entrée par la mauvaise porte ! Etant donné mon échec précédent à trouver l’entrée de Feministiche Avantgarde / Avant-garde féministe, il faut croire que la signalétique du bâtiment laisse à désirer :D (en fait c’était expliqué en allemand que c’était de l’autre côté mais bah bon hein voilà BREF).
Arrivée au bon endroit, je commence ma visite face à une bien belle sculpture d’Aristide Maillol nommée Flora. Le cartel m’indique que cette statue se trouvait à l’origine située dans le jardin de la Villa Flora, là je me dis : WTF ?? Et oui, car l’exposition au titre mystérieux comportait également un sous-titre que je n’avais pas vu : « Meisterwerke aus der Sammlung Arthur und Hedy Hahnloser-Bühler » = « Chefs d’oeuvre de la Collection Arthur et Hedy Hahnloser-Bühler ». Suivez moi, je vais tout vous expliquer !
Arthur et Hedy Hahnloser-Bühler (1870-1936) et (1873-1952) que vous pouvez voir sur les portraits à côté de ce texte, étaient amateurs d’art et habitaient une villa à Winterthour (à une vingtaine de kilomètres de Zürich) en Suisse. Le couple, marié en 1898 fait la connaissance du peintre suisse Félix Vallotton (1865–1925) dans les premières années du 20ème siècle et se lient d’amitié avec lui. Il va alors leur permettre de faire connaissance avec l’avant-garde artistique suisse et française de ces années là. Leurs nouveaux amis, entre autres : Pierre Bonnard, Aristide Maillol, Henri Manguin, Odilon Redon, Henri Matisse (rien que ça !)… Arthur et Hedy Hahnloser-Bühler vont alors échanger énormément avec ces artistes, leur rendre visite et acheter leurs productions mais également les accueillir dans leur Villa Flora qui offre un cadre idéal pour la création artistique avec son atmosphère bucolique et ses jardins plusieurs fois reproduits dans les tableaux présentés ici mais également montrés dans les photos.
Particulièrement intéressés par le post-impressionisme, la collection fait donc la part belle aux oeuvres nabis et fauves des artistes proches du couple mais s’intéresse également aux origines de ces mouvements artistiques. Au cours de ma visite, j’ai donc eu le droit à un cours d’histoire de l’art du début 20ème en 3D, au travers de peintures et sculptures retraçant l’évolution artistique des artistes amis du couple Hahnloser-Bühler mais également d’oeuvres de grands maîtres de l’époque à savoir Vincent Van Gogh, Paul Cézanne, Edouard Manet et… Auguste Renoir, mon préféré ! Cette collection rassemblée entre 1906 et 1936 est réellement mise en valeur dans une alternance d’espaces aux murs de couleurs : grandes salles claires et plus petites alcôves sombres mettant l’accent sur l’un ou l’autre des artistes (mention spéciale pour celle d’Odilon Redon). La présence d’éléments de mobiliers rappelle subtilement que ces oeuvres décoraient à l’origine la Villa Flora ainsi que le goût d’Hedy Hahnloser-Bühler pour les arts décoratifs.
A la mort du couple, leurs héritiers ont conservé la collection et ont créé en 1980 la Fondation Hahnloser/Jaeggli et transformé la Villa Flora en musée en 1995.
Le must :
Dans deux endroits de l’exposition étaient présentées des oeuvres d’art contemporain « en dialogue » avec la collection ! Arthur et Hedy Hahnloser-Bühler étant, à leur époque des amateurs éclairés mais également des mécènes pour des artistes d’avant-garde, l’idée était de présenter des oeuvres contemporaines pour appuyer cet aspect de l’exposition mais également de montrer l’influence immense qu’à eu cette période de l’histoire de l’art sur la création contemporaine. Ces oeuvres étaient pour cela extrêmement parlantes puisque l’une d’entre elle était une vision contemporaine des Tournesols de Van Gogh, « Tournesols 2 » (2015) d’Ursula Palla (*1960) : une installation relativement complexe à base de panneaux solaire et de vidéoprojecteurs :) Personnellement, j’ai beaucoup aimé, mais j’ai encore plus aimé Nu à l’Echarpe Orange (2009) de Judith Albert (*1969). Il s’agissait d’une vidéo montrant l’artiste immobile, à demi nue recouverte d’une pieuvre ! Etrange non ? Et pourtant, elle faisait écho à une oeuvre de Félix Vallotton, Nu à l’écharpe verte (1914), même position, seule la couleur de l’écharpe change. Bon ok, mais la pieuvre ? En fait, le cartel explique qu’elle fait référence au fait que les impressionnistes étaient très inspirés par les estampes japonaises, notamment parce qu’elles s’attachaient particulièrement à rendre les émotions et ressentis et non pas la stricte réalité visuelle, tout comme ce qu’ils voulaient pour leurs peintures ! Japonisme + art contemporain + comprendre quelque chose qui avait l’air compliqué = J’adore ! Enfin quand même heureusement qu’il y avait un long cartel…
Les + :
+ Comme je n’ai jamais eu l’occasion de suivre de vrais cours d’histoire de l’art, j’ai trouvé cette exposition très instructive, et moi, j’adore quand j’apprends des choses !
+ L’imbrication entre l’histoire personnelle (du couple et des artistes), le lieu qu’était la Villa Flora et l’histoire de l’art était très bien servie par la scénographie et soutenue par les textes.
+ Petite alcôve très bien pensée dédiée aux représentations d’Hambourg par les artistes !
+ Les oeuvres d’art contemporains pour prolonger la philosophie du couple Hahnloser-Bühler et mettre en avant l’influence décisive des mouvements impressionnistes et post-impressionnistes pour l’histoire de l’art.
Les – :
– Un film de 70mn dans une exposition ?? Et indisponible sur le site internet si on veut le regarder au calme chez soi ? Je ne comprends pas…
– Evidemment, pour moi dès qu’on parle d’arts décoratifs à tendance art nouveau, je regrette toujours qu’il n’y en ai pas plus ! Surtout si il y a broderie :)
Temps de visite : Environ 1h, j’avoue après les 3h de visite de l’autre exposition, j’ai voulu éviter le burn out total et n’ai donc pas comme à mon habitude tout lu !
Prix : Toujours 12€ mais comme indiqué précédemment, ce prix donne en fait accès à toutes les expositions et m’a donc aussi permis de voir la collection permanente et l’exposition temporaire Feministiche Avantgarde der 1970er Jahre [Avant-garde féministe des années 1970].
Verzauberte Zeit [Temps enchantés] à la Kunsthalle de Hambourg – Du 20 Février au 16 Août 2015
Plus d’informations par ici si tu parles allemand ou anglais, sinon tu peux juste regarder les images, et c’est déjà pas mal !
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