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Feministiche Avantgarde der 1970er Jahre [Avant-garde féministe des années 70]

Affiche de l'exposition "Avant-garde féministe des années 70" à la Kunsthalle d'Hambourg

L’affiche ? Une photo extraite de la série des “Bus Riders” par Cindy Sherman

Me baladant dans les rues d’Hambourg (en fait je rentrais du travail mais c’est beaucoup moins poétique), je suis tombée face à cette affiche :

Evidemment, adorant ce type de sujet, une semaine plus tard, j’étais devant l’entrée de la Kunsthalle à acheter mon ticket. Et 5 minutes plus tard au 2ème étage en train de chercher l’entrée de l’exposition (qui n’était pas indiquée) !

Une fois au bon endroit pas de doute, l’exposition s’ouvre sur une introduction très claire, traduite en anglais (ouf !), et une vitrine-table présentant plusieurs communiqués, photographies de performances, invitations pour des vernissages datant des années 70 et dont le caractère subversif (pour l’époque) est assez explicite : corps féminins dénudés, androgynie, symboles ♀… J’ai déjà hâte d’en voir plus !

Roberta Construction Chart #1, Roberta Breitmore Series (1975) - Lynn Hershman Leeson.

Lynn Hershman Leeson t’explique comment devenir Roberta Breitmore son alter ego fictionnel qui pourtant vivait une vraie vie !
Roberta Construction Chart #1 (1975) – Lynn Hershman Leeson

L’exposition qui occupe tout l’étage traite ici dans une succession d’une dizaine de pièces toutes blanches du travail de 33 femmes artistes dont les œuvres au cours des années 70 ont remis en cause les codes sociétaux qui définissait alors l’image et le rôle de la femme. Toujours liés à la maternité, aux tâches ménagères mais également à la sexualité (parfois dans des rapports contradictoires d’ailleurs), ces codes se trouvent ici détournés, remis en question souvent dans un registre alliant provocation, humour et ironie. Ainsi dans sa suite de photographies “Portfolio of Models”, Martha Wilson (*1947) se met elle même en scène dans les différents rôles que la société lui proposait en temps que femme et dont elle dit qu’aucun ne lui a jamais convenu : la lesbienne, la hippy, la working girl, l’employée, la femme au foyer et la déesse. Dans sa performance filmée “Glauben Sie nicht, daß ich eine Amazone bin” [Ne croyez pas que je suis une Amazone] de 1945, l’artiste allemande Ulrike Rosenbach (*1943) tire 15 flêches (oui oui, avec un arc !) sur une reproduction du tableau classique La Madone au buisson de roses de Stefan Lochner. Comme l’image était en superposition, on aurait dit qu’elle se tirait elle-même dessus, je vous laisse réfléchir au sens métaphorique de tout ceci devant un extrait de la vidéo en question.

Ce recours à un déguisement ou à différents médias est fréquent dans l’exposition : photographies, films, peinture, sculpture… Les supports se superposent et se complètent. Les années 70 ont été une période très prolixe pour ce type de productions en même temps qu’une période clé dans le développement de l’art de la performance dans lequel les artistes féministes ont joué un rôle clé. Mettant en scène leurs corps, elles remettent en question les canons traditionnels de beauté en même temps que la sexualisation/sacralisation constante du corps féminin.

Ces oeuvres sont issues de la collection Verbund, du nom du plus grand fournisseur d’électricité d’Autriche. Cette collection traite particulièrement de l’évolution de l’art contemporain depuis les années 70. Elle est actuellement gérée par la conservatrice Gabriele Schor, particulièrement intéressée par l’orientation féministe de la collection puisqu’ayant déjà contibué à la réalisation de l’expo “Donna: Avanguardia femminista negli anni ’70” sur le même sujet à Rome et a également réalisé un “Catalogue raisonné” des premières œuvres de Cindy Sherman.

Le must :

Exposition "Avant-garde féministe des années 70" à la Kunsthalle d'Hambourg, Kopfsandale (1976) - Birgit Jürgenssen

Birgit a pensé à tout, même à une sandale pour ta tête !
Kopfsandale (1976) – Birgit Jürgenssen

L’expo m’a permis de voir des travaux d’artistes que je connaissais déjà telles que Gina Page, Cindy Sherman ou encore ORLAN. J’ai par contre découvert celui de Birgit Jürgenssen (1949-2003) qui m’a beaucoup plu. Une femme en robe-cuisinière (Küchenschürze [Tablier] – 1975), une autre assise un nid entre les jambes (Nest [Nid] – 1979), FRAU [FEMME] (1972) écrit en corps féminins et une série de chaussures à talons bien étranges : une pour le visage (Kopfsandale – 1976), une enceinte (Schwangerer Schuh – 1976) et une autre oiseau (Netter Raubvogelschuh – 1975). Ses réalisations pleines de sous-entendus et de questionnements m’ont vraiment interpellée et c’est ce que j’aime en art contemporain.

Maintenant je vous ordonne d’aller voir son site internet !

Les + :

+ Un choix artistique très large et intéressant comprenant des artistes très connues et d’autres à découvrir.

Exposition "Avant-garde féministe des années 70" à la Kunsthalle d'Hambourg

Scénographie on ne peut plus neutre dans l’exposition :)

+ De belles œuvres la plupart en noir et blanc, mises de fait en valeur par une scénographie très neutre en blanc.
+ Les œuvres datent des années 70 mais sont encore extrêmement actuelles, il est intéressant de pouvoir se rendre compte de l’évolution sociétale depuis ces années mais aussi du chemin encore à parcourir en vue de l’égalité femmes-hommes (c’est peut-être un – ça en fait… argh…).
+ Des fiches disponibles sur chaque artistes, traitant de sa biographie mais aussi des œuvres exposées, en plus, on pouvait les emporter donc pour les personnes comme moi qui ont besoin d’y repenser au calme, c’est parfait !

Les – :

Un discours un peu internationaliste alors que la plupart des artistes était quand même issues du monde occidental. L’avant-garde féministe artistique des années 70 ne me paraît pas avoir été un mouvement international donc pourquoi ne pas être un peu plus précis ?
Les œuvres sont-elles des œuvres d’artistes féminines des années 70 ou d’artistes féministes ? Le titre de l’exposition induit directement que les œuvres soient féministes alors que, certaines artistes apparaissent ne pas avoir fait le choix de se classer comme telles. Par exemple le travail Estudio Para Dois Espaços d’Helena Almeida est décrit comme une dénonciation de la dictature portugaise, même si une lecture féministe peut clairement en être faite, est-ce une œuvre féministe ?
Les post-its roses à la sortie en guise de livre d’or, pourquoi roses ? Peut-être que c’était un choix afin d’être subversif du propos subversif de l’exposition ? Je ne sais pas mais en tout cas, vu les commentaires dessus, je n’étais pas la seule intriguée.

Livre d'or de l'exposition "Avant-garde féministe des années 70" à la Kunsthalle d'Hambourg

J’aime moyennement l’idée du rose mais j’aime le “Viva la vulva” !

Temps de visite : 3 heures, et oui quand ça m’intéresse je lis TOUT.
Prix : 12€, pas donné mais ce prix donne en fait accès à toutes les expositions et m’a donc aussi permis de voir la collection permanente et l’exposition temporaire “Verzauberte Zeit” [Les Temps enchantés].

Feministiche Avantgarde der 1970er Jahre [Avant-garde féministe des années 1970] à la Kunsthalle de Hambourg – Du 13 Mars au 31 Mai 2015

Plus d’informations par ici !

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